Congo-KinshasaCongo-Kinshasa

Congo-Kinshasa
République démocratique du Congo (anciennement Zaïre)

Drapeau de la République démocratique du Congo
CapitaleKinshasa
Population42,2 millions (estimée en 1996)
Langue officiellefrançais
Groupe majoritaireaucun
Groupes minoritairesquatre langues nationales (kikongo, lingala, kiswahili et tshiluba) et plus de 200 langues locales (ngala, luba-shaba, songe, phende, kinyarwanda, shi, tetela, zande, etc.)
Langue colonialefrançais (Belgique)
Système politiquerépublique unitaire à régime autoritaire

Situation géopolitique

Localisation du Congo-Kinshasa Carte du Congo-Kinshasa

La République démocratique du Congo (l’ex-Zaïre) ou RDC, appelée aussi le Congo-Kinshasa pour le différencier du Congo-Brazzaville (ou république du Congo), est un pays d'une très grande superficie de 2,3 millions de km², soit environ trente-trois fois plus grand que le Bénélux (Belgique, Pays-Bas et Luxembourg), quatre fois plus que la France ou deux fois plus que le Québec (Canada). Les habitants du Congo-Kinshasa appellent souvent leur pays simplement « Congo ». En Afrique, seuls le Soudan et l'Algérie sont plus étendus que la RDC, qui est limitée à l'ouest par le Congo-Brazzaville, au nord par la République centrafricaine et le Soudan, à l'est par l'Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie, au sud par la Zambie et l'Angola. Partageant neuf frontières avec ses voisins, le Congo-Kinshasa est un pays totalement enclavé, sauf quelques kilomètres de côtes en bordure de l’océan Atlantique. En raison de sa grande superficie, de ses énormes richesses et de son importante population, le Congo-Kinshasa demeure l’un des «géants» de l’Afrique, avec l’Égypte, le Nigeria et l’Afrique du Sud.

Le territoire du Congo-Kinshasa jouxte à l'est la région des Grands Lacs africains et sa situation géographique le place à la «frontière» des pays «francophones» au nord et des pays «anglophones» au sud-ouest avec le Rwanda et le Burundi (chacun de ces derniers étant vingt fois plus petits en superficie que son grand voisin). Alors qu'au nord-ouest le Congo-Brazzaville et la République centrafricaine ont le français comme langue officielle (sans oublier le Rwanda et le Burundi), l'Ouganda et la Tanzanie ont l'anglais comme langue officielle ou semi-officielle comme au Soudan. Quant à l'Angola au sud-ouest, il a le portugais comme langue officielle. Peuplé de près de 50 millions d’habitants, le Congo-Kinshasa est considéré comme le « premier pays francophone du monde », après la France.

Données démolinguistiques

Le Congo-Kinshasa est l'un des pays les plus multiethniques d'Afrique. On y trouve un enchevêtrement de peuples de diverses origines et parlant de nombreuses langues.

Les ethnies

Le Congo-Kinshasa compte quelque 250 ethnies qui peuvent être réparties en plusieurs groupes. Le premier groupe est formé par les peuples bantous (environ 80 % de la population) dont les principales ethnies sont les Luba (18 %), les Mongo (17 %), les Kongo (12 %) et les Rwandais hutus et tutsis (10 %) ; les autres ethnies bantoues sont les Lunda, les Tchokwé, les Tetela, les Bangala, les Shi, les Nande, les Hunde, les Nyanga, les Tembo et les Bembe. Les ethnies non bantoues se répartissent entre les Soudanais (Ngbandi, Ngbaka, Mbanja, Moru-Mangbetu et Zande), les Nilotiques (Alur, Lugbara et Logo), les Chamites (Hima) et les Pygmées (Mbuti, Twa, Baka, Babinga). Les Nilotiques et les Chamites, qui ont jadis quitté la vallée du Nil, ont été confrontés aux migrations bantoues, mais ont dû peu à peu laisser la place.

La majorité des Congolais sont de religion chrétienne. Les catholiques forment 40 % de la population, les protestants, 35 %, les kimbanguistes (une importante Église d'origine africaine), 10 %. Il existe également des petites communautés musulmanes (9 %), juive et grecques orthodoxes.

Les langues

Sur le plan linguistique, cette ancienne colonie belge est l'un des pays les plus multilingues de toute l'Afrique. En effet, l'Atlas linguistique du Zaïre dénombre 221 langues pour une population totale (estimée en 1996) à 42,2 millions d’habitants, c'est-à-dire une langue par tranche de 190 000 locuteurs. Cependant, 186 langues appartiennent à la seule famille bantoue et elles sont parlées par plus de 80 % de la population congolaise. Les autres langues sont représentées par la famille nilo-saharienne.

Ce pluralisme linguistique exceptionnel comprend trois grandes composantes : les langues locales dites « ethniques » (ou langues congolaises), les langues dites nationales et la langue officielle (le français).

Les langues locales

Tous les Congolais parlent l'une des quelque 200 langues « ethniques » ; elles sont utilisées localement et servent à la communication entre les diverses communautés. Ceux qui ne parlent qu'une langue ethnique sont ordinairement les citoyens les moins scolarisés et les moins urbanisés. Sauf une vingtaine d’entre elles, les langues ethniques sont parlées par peu de locuteurs et ne jouissent pas de la même considération dans l’opinion publique congolaise. Ces langues sont généralement utilisées par des communautés comptant moins de 100 000 locuteurs, souvent entre 5 000 et 70 000 locuteurs. Cependant, une vingtaine de celles-ci comptent plus de 100 000 locuteurs, et trois sont parlées par plus d’un million de personnes :

bembe (252 000)
bera (120 000)
budu (180 000)
budza (226 000)
chokwe (504 000)
fulero (275 000)
kanyok (200 000)
lega-shabunda (400 000)
luba-shaba (1 500 000)
mbole (100 000)
mongo (400 000)
mpuono (165 000)
ngala (3 500 000)
ntoma (100 000)
phende (420 000)
kinyarwanda (250 000)
shi (654 000)
songe (1 000 000)
tetela (750 000)
zande (730 000)
Les langues nationales
Répartition géographique des langues nationales

Par rapport aux langues congolaises, les langues nationales – kikongo, lingala, kiswahili et tshiluba – bénéficient d’une plus large audience, d’un plus grand développement et d’une plus grande expansion au plan national grâce à l’Administration, la justice, les écoles primaires, les médias et l’évangélisation. Les quatre langues nationales découpent le pays en quatre grandes aires linguistiques.

  • Le swahili ou kiswahili est parlé comme langue seconde par environ neuf millions de locuteurs dans les régions de l’Est, notamment au Katanga dans le Kivu, en passant par le Lualaba à l'ouest et les Grands Lacs à l'est (ainsi qu'au Kenya et en Tanzanie).
  • Le lingala est la langue maternelle ou la langue seconde d'environ 8,5 millions de locuteurs dans la capitale (Kinshasa) et les régions du Moyen-Congo et du Haut-Congo (et en République centrafricaine).
  • Le kikongo, avec ses deux millions de locuteurs, est utilisé principalement dans la région du Bas-Congo et du Bandundu (et en Angola).
  • Le tshiluba (ou luba-kasaï) est pratiqué par environ six millions de locuteurs dans le Sud, particulièrement dans la région du Kasaï.

Ces langues de grande diffusion se sont imposées avant la colonisation; elles sont aujourd'hui utilisées comme langues maternelles et comme langues secondes par au moins 30 millions de Congolais (de 75 % à 80 % de la population). Elles sont employées par les couches sociales les plus scolarisées et les plus urbanisées à titre de langues supra-régionales ou pour la communication inter-ethnique dans les villes. Trois des langues nationales congolaises, le lingala, le swahili et le kikongo, sont de formation récente. Leur histoire est liée à celle de la colonisation du Congo et, en principe, elles n’appartiennent en propre à aucune communauté ethnolinguistique du pays. Cet avantage leur permet, surtout au lingala et au swahili, de jouer leur véritable rôle de langues véhiculaires. Quant au tshiluba, c’est une langue qui remonterait au XVe siècle et est davantage liée aux principales communautés qui la parlent: les Baluba dans l'est du Kasaï et les Bena Lulua dans l'Ouest.

La langue officielle

Les paragraphes 7 et 8 de l'article 1er de la nouvelle Constitution (2006) portent sur les langues. Ces paragraphes précisent que le kikongo, le lingala, le swahili et le tshiluba sont les « langues nationales », alors que le français est la (seule) langue officielle, l'anglais ayant été éliminé.

Article 1er

1) La République Démocratique du Congo est, dans ses frontières du 30 juin 1960, un État de droit, indépendant, souverain, uni et indivisible, social, démocratique et laïc.

2) Son emblème est le drapeau bleu ciel, orné d’une étoile jaune dans le coin supérieur gauche et traversé en biais d’une bande rouge finement encadrée de jaune.

3) Sa devise est « Justice – Paix – Travail ».

4) Ses armoiries se composent d’une tête de léopard encadrée à gauche et, à droite, d’une pointe d’ivoire et d’une lance, le tout reposant sur une pierre.

5) Son hymne est le « Debout Congolais ! »

6) Sa monnaie est « le Franc congolais ».

7) La langue officielle est le français.

8) Ses langues nationales sont le kikongo, le lingala, le swahili et le tshiluba. L’État en assure la promotion sans discrimination. Les autres langues du pays font partie du patrimoine culturel congolais dont l’État assure la protection.

Le français, la langue officielle, reste une langue seconde pour tous ceux qui le parlent. La compétence de ces locuteurs du français reste très inégale, il va sans dire, et varie principalement en fonction des milieux urbains et ruraux.

La plupart des Congolais pratiquent une diglossie déséquilibrée, sinon une triglossie lorsqu’ils savent le français. Ainsi, ils emploient leur langue maternelle (ou ethnique) dans les relations familiales ou inter-ethniques, mais la langue véhiculaire régionale – kikongo, lingala, swahili et tshiluba – dans la vie urbaine en général : commerce, administration locale, éducation (premier cycle du primaire), presse, radio et télévision. Pour ceux qui savent le français (triglossie), employer cette langue donne automatiquement accès à toutes les sphères du pouvoir et de la connaissance. C'est encore, dans les faits, la langue de l'État et du droit.

La scolarisation

Les langues de l’éducation

Depuis la prise du pouvoir par Laurent-Désiré Kabila, les écoles du Congo-Kinshasa ont continué à se détériorer et celles qui n’ont pas été détruites sont dans un état déplorable : pas de matériel pédagogique, ni de pupitres, ni de bancs, ni de toilettes, etc. Dans certaines provinces, la plupart des cours du secteur primaire sont dispensés à l’ombre des manguiers et autres palmiers. Dans bien des cas, les parents sont obligés de se cotiser afin de payer un salaire aux professeurs, alors que les écoles sont censées être publiques et gratuites.

Il n’existe pas de loi portant sur l’enseignement des langues dans le pays. Comme à l’époque du Congo belge et du maréchal Mobutu, seules des directives d'ordre réglementaire émanant de divers services ministériels, notamment celui de l'Éducation nationale, régissent l’emploi des langues. Les quatre langues nationales sont enseignées dans les deux premières années du primaire, puis le français est graduellement introduit à partir de la troisième année.

Dans toutes les écoles secondaires, l'enseignement est donné exclusivement en français. Étant donné qu’environ 15 % des enfants accèdent au secondaire, le nombre des locuteurs fonctionnels du français demeure limité. Par ailleurs, le taux d’analphabétisme est de 17,5 % pour les hommes et de 45,9 % pour les femmes; on peut augmenter cette proportion de 10 % dans les zones rurales. Tous ces gens analphabètes ignorent généralement le français (et encore plus l’anglais).

Le Congo-Kinshasa compte plusieurs instituts supérieurs d'une certaine importance, situés généralement dans toutes les villes et chefs-lieux régionaux, ainsi que sept universités, publiques ou privées, soit les universités de Kinshasa, Lumumbashi, Kisangani, Kananga, l'université du Bas-Congo à Kisantu, l'Université de l'Ouest-Kongo et l'Université de Mbuji Maji. Tout l’enseignement est dispensé en français dans ces établissements.

Sources
  1. LECLERC, Jacques. « République démocratique de Congo (ex-Zaïre) » dans L'aménagement linguistique dans le monde, Québec, TLFQ, Université Laval, 4 septembre 2006, [http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/czaire.htm], (23 juin 2008), 225 Ko.
  2. WIKIPÉDIA, coll. Article « République démocratique du Congo », 22 juin 2008, [http://fr.wikipedia.org/wiki/République_démocratique_du_Congo], (23 juin 2008), 515 Ko (document sous licence de documentation libre GNU, GFDL).

Direction des services départementaux de l'éducation nationale de l'Yonne
Dernière mise à jour de cette page le 23/06/2008.