République centrafricaineRépublique centrafricaine

République centrafricaine
Ködrö ti Bê-Afrika

Drapeau de la République centrafricaine
Capitale Bangui
Population 3,6 millions (2001)
Langues officielles sango et français
Groupe majoritaire aucun
Groupes minoritaires environ 60 langues, dont le sango, le banda du Sud, le banda-banda, le bokoto, le gbanou, le gbaya du Nord-Ouest, le gbaya du Sud-Ouest, le gbaya de Bosangoa, le kaba, le karré, le manza, le mbati, le ngbaka ma'bo, le pana, le yakoma, le zandé
Langue coloniale français
Système politique république unitaire

Situation géopolitique

Localisation de la République centrafricaine Carte de la République centrafricaine

La République centrafricaine est un pays enclavé d'Afrique centrale et couvre une superficie de 622 436 km². Le pays est limité au nord par le Tchad, à l’est par le Soudan, au sud par la République démocratique du Congo (Congo-Kinshasa) et la république du Congo (Congo Brazzaville), et à l’ouest par le Cameroun. Bien que constituant un handicap du point de vue économique, sa position centrale sur le continent africain confère au pays un intérêt stratégique. C’est la raison de la longue présence militaire de la France dans cette ancienne colonie de l’Oubangui-Chari, devenue indépendante en 1960. La République centrafricaine est divisée en 16 préfectures. Sa capitale est Bangui.

Carte administrative de la République centrafricaine

Données démolinguistiques

La République centrafricaine est passée de deux millions d’habitants en 1975 à 3,6 millions d'habitants en 2001. La population est concentrée dans la partie occidentale et les deux tiers des Centrafricains vivent dans de petits villages. Bangui, la capitale et ville principale, comptait environ 750 000 habitants en 1990.

Les ethnies

Les Babingas, des Pygmées peuplant toujours la forêt centrafricaine dans la région de la Lobaye, furent les premiers habitants du pays. Les groupes Gbayas-Mandjas et Bandas représentent plus de la moitié de la population centrafricaine. Cependant, le clivage est très marqué entre ces populations de la savane et les «gens du fleuve» (Oubanguiens) de langue sangho, des commerçants établis sur les rives de l’Oubangui et dominant la vie économique et politique du pays. Les Zande, agriculteurs semi itinérants, vivent entre le nord-est de la République centrafricaine, le sud du Soudan et la République démocratique du Congo.

Du point de vue religieux, les animistes représentent environ 60 % de la population, les chrétiens 35 % et les musulmans 5 %.

Les langues

Il est malaisé de dénombrer avec exactitude le nombre des locuteurs d’une langue en Centrafrique. Outre le problème de la multiplicité des quelque 60 langues, un décret gouvernemental adopté en 1966 interdit « toute mention, dans les actes officiels ou sous seing privé, imprimés, formulaires administratifs ou privés, de race, de tribu ou d’ethnie ». On comprendra que si ces renseignements importants ne pouvaient pas figurer dans les recensements ultérieurs, il devient difficile d'en établir un portrait le moindrement précis des langues en présence.

Lors du recensement de 1988, le gouvernement centrafricain ne posait que trois questions concernant les langues :

  1. Quelle est la première langue parlée ?
  2. Parlez-vous sango ou non ?
  3. Quelle est l'autre langue parlée ?

De plus, il est impossible d'obtenir les réponses officielles à ces questions. Enfin, entre 500 000 à 600 000 personnes n'ont jamais répondu aux questions du recensement au sujet de leur langue maternelle.

Les langues autochtones

Toutefois, un dépouillement partiel des données linguistiques permet de révéler les résultats qui suivent. On compte 705 000 locuteurs pour les langues gbaya-manza (segmentées en de multiples variétés dialectales), 570 000 pour les langues banda, 100 000 pour les langues sara-mbay, 60 000 pour les langues ngbaka-monzombo-gbanziri, 60 000 pour les langues nzakara-zandé et 55 000 pour les langues mbum. Pour tous les autres groupes linguistiques, le total des locuteurs serait inférieur à 50 000.

La langue la plus importante par le nombre de ses locuteurs est d'abord le sango, une langue créolisée, dérivée du ngbandi et à base de nombreux mots français. Le sango compte environ 350 000 locuteurs de langue maternelle, mais cette langue est parlée par la quasi-totalité de la population centrafricaine comme langue véhiculaire. On pense que le sango serait né du contact des colons français avec les populations indigènes situées sur les bords de l'Oubangui. D'autres croient que le sango existait avant l'arrivée des Européens. Appelé à l'origine dendi, le sango était parlé par les Dendi servant de médiateurs dans les conflits entre les Zandé-Nzakara et les Ngbugu (ethnie du groupe Banda). Avec le français, le sango est une langue officielle de la République centrafricaine.

Parmi les langues parlées par plus de 60 000 locuteurs, mentionnons le banda du Sud (150 000), le banda-banda (102 000), le bokoto (130 000), le gbanou (95 000), le gbaya du Nord-Ouest (200 000), le gbaya du Sud-Ouest (164 000), le gbaya de Bosangoa (176 000), le kaba (72 000), le karré (93 000), le manza (220 000), le mbati (60 000), le ngbaka ma'bo (88 000), le pana (82 000), le yakoma (100 000), le zandé (62 000). La plupart des autres langues ne sont parlées que par de petites communautés comptant moins de 10 000 locuteurs, parfois moins de 5 000.

Les quelque soixante langues autochtones de la Centrafrique font partie de deux familles linguistiques: la famille nigéro-congolaise et la famille nilo-saharienne, la première étant de loin la plus représentée. Parmi les langues citées précédemment, seul le kaba est une langue de la famille nilo-saharienne, toutes les autres appartiennent à la famille nigéro-congolaise.

Le français

Le français est la langue officielle de la République. Il n'est la langue maternelle qu'un d'un tout petit groupe d'Européens dont le nombre n'atteint pas les 10 000. Le français, langue de prestige, est parlé par les élites et les cols blancs, c'est-à-dire les fonctionnaires et les enseignants. On compte deux variétés de français. L'un correspond à ce qu'on pourrait appelé le français de France parlée par les Européens et les spécialistes de la communication, c'est-à-dire les enseignants, et ensuite par les « notables » du pays. Il s'agit d'un nombre réduit d'individus. Généralement, ce français est utilisé dans les médias et la haute fonction publique, de même que dans les sphères proches des pouvoirs politique et judiciaire, ainsi que dans toutes les écoles du pays. On y admet un certain accent local et quelques régionalismes lexicaux issus surtout du sango.

Il existe une autre variété de français, beaucoup plus répandu : le français local. C'est un français très influencé par les langues centrafricaines, surtout par le sango. Cette variété est parlée par les classes non instruites, qui n'ont pu terminer leur scolarité. Ils utilisent ce qu'ils connaissent du français avec des emprunts massifs aux langues locales. Cette variété peut causer des problèmes de compréhension avec les francophones des autres pays, car les interférences linguistiques, d'ordre lexical et sémantique, sont très importantes.

Selon un recensement de 1993, on peut établir les données suivantes en ce qui a trait à la connaissance du français (toutes variétés confondues) :

  1. 76 % de « personnes n’ayant aucune connaissance du français »
  2. 16 % de « locuteurs potentiels, qui ont suivi un cursus scolaire d’au moins deux ans en français et qui éventuellement peuvent perdre leurs acquis » ; certains les nomment des « francisants »
  3. 8 % de « locuteurs réels qui ont suivi un cursus scolaire d’au moins six ans en français »

En tenant compte de ces considérations, on compterait actuellement environ 500 000 « francisants » et 250 000 « francophones réels », mais on sait que ce résultat paraît nettement sur-évalué. Cela dit, il suffit de préciser qu'une personne ne parle pas le sango (mbi tené sango ape : je ne parle pas le sango) pour que les Centrafricains retrouvent vite l'usage du français.

L'arabe

Il convient d'accorder une place particulière à l’arabe, une langue en légère expansion en Centrafrique. Il s'agit d'abord de l'arabe classique, celui du Coran, qui sert de médium comme langue religieuse au sein de la communauté musulmane du pays. La radio nationale accorde une tranche de trente minutes à la religion islamique pour l’enseignement du Coran. De son côté, la communauté islamique du pays a créé des écoles accueillant des personnes des deux sexes de toutes religions.

La scolarisation

La République Centrafricaine : un système éducatif à reconstruire

Pays enclavé et parmi les plus pauvres du monde, la République centrafricaine a souffert ces dix dernières années de crises politico-militaires récurrentes qui ont sérieusement entravé le développement économique et humain du pays. Le système éducatif en a fortement pâti et a vu se creuser la distance qui le sépare des objectifs de l'Education pour Tous. La relative stabilité que connaît le pays depuis 2003 ouvre la voie vers la reconstruction du système éducatif, reconstruction qui suppose de relever de difficiles défis.

Une scolarisation qui a stagné depuis 15 ans.

En partie du fait du contexte socio-politique, les indicateurs de scolarisation à tous les niveaux d’enseignement n'ont pratiquement pas progressé depuis 15 ans, tandis que les autres pays d'Afrique francophone connaissaient sur la période une expansion de grande ampleur. Cette stagnation a pour conséquence de tenir la République Centrafricaine très éloignée de l'objectif de scolarisation primaire universelle, avec des insuffisances aussi bien dans l'accès à l'école que dans la rétention : un enfant sur quatre n'a jamais été à l'école et seuls trois enfants sur dix achèvent le cycle primaire. Par ailleurs, le taux d'achèvement du primaire n'a pas du tout progressé au cours des 15 dernières années. Cependant, avec le retour à la stabilité, on observe depuis 2003 une dynamique encourageante qui devrait permettre d'améliorer d'ici 2010 le taux d'achèvement du primaire de presque 20 points. La rétention au 1er cycle du secondaire est également très mauvaise puisque seulement un enfant sur deux entrés en 6ème parvient jusqu'à la 3ème.

La faiblesse de ces indicateurs relève à la fois d'une demande très fragile de la part des familles et d'une nette insuffisance de l'offre éducative. L'insuffisance de l'offre éducative publique est manifeste dès lors que 10% des élèves du primaire sont scolarisés dans des établissements privés et 34% ont pour enseignant un maître recruté et payé par les familles, souvent les plus défavorisées.

« Les notes du Pôle de Dakar », note pays no 5, septembre 2007

Sources
  1. LECLERC, Jacques. « République centrafricaine » dans L'aménagement linguistique dans le monde, Québec, TLFQ, Université Laval, 15 mai 2005, [http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/centrafrique.htm], (23 juin 2008), 144 Ko.
  2. WIKIPÉDIA, coll. Article « République démocratique du Congo », 19 juin 2008, [http://fr.wikipedia.org/wiki/République_centrafricaine], (23 juin 2008), 368 Ko (document sous licence de documentation libre GNU, GFDL).
  3. PASQUIER-DOUMER, Laure. « La République Centrafricaine : un système éducatif à reconstruire » dans Les Notes du Pôle de Dakar, note pays nO 5, RCA, Dakar, UNESCO, septembre 2007, [http://www.poledakar.org/IMG/Not_Pays_05_RCA_FR.pdf], (23 juin 2008), 332 Ko.

Direction des services départementaux de l'éducation nationale de l'Yonne
Dernière mise à jour de cette page le 24/06/2008.